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Accusée par certains de transmettre la lèpre, considérée par d’autres comme une créature de Satan, la pomme de terre a mis du temps à s’imposer en Europe. En France, elle doit son salut à un pharmacien du XVIIIe siècle, Antoine Parmentier !
Vous êtes aux fourneaux en train de faire dorer une copieuse poêlée de Charlottes coupées en cubes. Ou vous couvez à la cocotte et au beurre salé la bonnotte de Noirmoutier. Une autre fois, vous célébrez la Bintje en frites avec une fricadelle ch’ti. Tout ça, c’est de la patate, direz-vous. Certes, mais la pomme de terre est beaucoup plus qu’un simple légume. C’est l’une des héroïnes de la grande saga des nourritures humaines. Troisième aliment le plus consommé après le blé et le riz (les Français en mangent en moyenne cinquante kilos chaque année, fraîches ou transformées), la pomme de terre est un grand roman historique où se mêlent têtes couronnées et gueux, famines et guerres, philanthropie et mépris, vérités et légendes. Elle a été accusée de transmettre la lèpre. Elle a été considérée comme une créature de Satan par les Écossais qui refusèrent de la manger sous prétexte qu’elle n’était pas mentionnée dans la Bible, apprend-on dans La Pomme de terre, chroniques d’un succès de Monique Caillaud*. Mais au XIXe siècle, elle devient passionnément romantique…
L’incipit de la pomme de terre débute il y a environ huit mille ans en Amérique du Sud, dans la cordillère des Andes, où les Amérindiens se nourrissent de tubercules qui poussent à l’état sauvage avant d’en faire plus tard la culture. Quand les conquistadors espagnols de Francisco Pizarro débarquent au Pérou au milieu du XVIe siècle, ils pillent l’or, l’argent et font peu de cas de cette papas dont se nourrissent les Aymara qu’ils massacrent. En 1550, le conquistador et auteur Pedro Cieza de León est le premier à s’intéresser au tubercule dans sa Chronique espagnole du Pérou, citée par Martine Jolly dans Merci M. Parmentier ou la Gloire de la pomme de terre en 200 recettes** : « Dans des lieux voisins de Quito, les habitants ont avec le maïs une autre plante qui leur sert en grande partie à soutenir leur existence, à savoir les papas, avec des racines presque semblables à des tubercules, dépourvues de toute enveloppe plus ou moins dure, lorsqu’elles sont cuites, elles sont aussi tendres que la purée de châtaignes, séchées au soleil, on les appelle chumo et on les conserve pour l’usage. »
On est encore bien loin des pommes de terre pont-neuf ou du gratin dauphinois. La patate finit par traverser l’Atlantique, sans doute par hasard au milieu d’une cargaison d’argent des conquistadors, pour débarquer dans les jardins de moines de Séville qui la cultivent pour nourrir les malades et les pauvres. Et la pomme de terre débute son odyssée en Europe avec notamment un plant envoyé en Italie au pape Pie IV.
Et la France dans ce périple ? Elle voit arriver la « cartoufle », comme on l’appelait à l’époque, de Suisse par les Vosges et la Franche-Comté voisine. En 1600, l’agronome Olivier de Serres lui consacre un chapitre dans son Théâtre de l’agriculture. Mais durant le XVIIe siècle, la pomme de terre continue d’être considérée comme une simple curiosité, ignorée par le gourmand Louis XIV qui, lui, raffolait des petits pois.
Pharmacien dans l’armée française pendant la guerre de Sept Ans (1756-1763), Antoine Parmentier a été capturé par les Prussiens. Lors de sa détention, il découvrit la pomme de terre et ses bienfaits. Rentré en France, il devient l’avocat de ce légume, alors méconnu. Il remporte un premier succès en 1772 quand l’Académie de Besançon récompense ses travaux sur la pomme de terre pour lutter contre les famines et autres disettes encore fréquentes à cette époque. Désormais, elle devient un aliment populaire, salutaire pour lutter contre la faim. En 1803, la France en produit 1,5 million de tonnes par an, plus de 10 millions au milieu du XIXe siècle (par comparaison, 8 millions de tonnes ont été récoltées en 2021).
Accusée par certains de transmettre la lèpre, considérée par d’autres comme une créature de Satan, la pomme de terre a mis du temps à s’imposer en Europe. En France, elle doit son salut à un pharmacien du XVIIIe siècle, Antoine Parmentier !
Vous êtes aux fourneaux en train de faire dorer une copieuse poêlée de Charlottes coupées en cubes. Ou vous couvez à la cocotte et au beurre salé la bonnotte de Noirmoutier. Une autre fois, vous célébrez la Bintje en frites avec une fricadelle ch’ti. Tout ça, c’est de la patate, direz-vous. Certes, mais la pomme de terre est beaucoup plus qu’un simple légume. C’est l’une des héroïnes de la grande saga des nourritures humaines. Troisième aliment le plus consommé après le blé et le riz (les Français en mangent en moyenne cinquante kilos chaque année, fraîches ou transformées), la pomme de terre est un grand roman historique où se mêlent têtes couronnées et gueux, famines et guerres, philanthropie et mépris, vérités et légendes. Elle a été accusée de transmettre la lèpre. Elle a été considérée comme une créature de Satan par les Écossais qui refusèrent de la manger sous prétexte qu’elle n’était pas mentionnée dans la Bible, apprend-on dans La Pomme de terre, chroniques d’un succès de Monique Caillaud*. Mais au XIXe siècle, elle devient passionnément romantique…
L’incipit de la pomme de terre débute il y a environ huit mille ans en Amérique du Sud, dans la cordillère des Andes, où les Amérindiens se nourrissent de tubercules qui poussent à l’état sauvage avant d’en faire plus tard la culture. Quand les conquistadors espagnols de Francisco Pizarro débarquent au Pérou au milieu du XVIe siècle, ils pillent l’or, l’argent et font peu de cas de cette papas dont se nourrissent les Aymara qu’ils massacrent. En 1550, le conquistador et auteur Pedro Cieza de León est le premier à s’intéresser au tubercule dans sa Chronique espagnole du Pérou, citée par Martine Jolly dans Merci M. Parmentier ou la Gloire de la pomme de terre en 200 recettes** : « Dans des lieux voisins de Quito, les habitants ont avec le maïs une autre plante qui leur sert en grande partie à soutenir leur existence, à savoir les papas, avec des racines presque semblables à des tubercules, dépourvues de toute enveloppe plus ou moins dure, lorsqu’elles sont cuites, elles sont aussi tendres que la purée de châtaignes, séchées au soleil, on les appelle chumo et on les conserve pour l’usage. »
On est encore bien loin des pommes de terre pont-neuf ou du gratin dauphinois. La patate finit par traverser l’Atlantique, sans doute par hasard au milieu d’une cargaison d’argent des conquistadors, pour débarquer dans les jardins de moines de Séville qui la cultivent pour nourrir les malades et les pauvres. Et la pomme de terre débute son odyssée en Europe avec notamment un plant envoyé en Italie au pape Pie IV.
Et la France dans ce périple ? Elle voit arriver la « cartoufle », comme on l’appelait à l’époque, de Suisse par les Vosges et la Franche-Comté voisine. En 1600, l’agronome Olivier de Serres lui consacre un chapitre dans son Théâtre de l’agriculture. Mais durant le XVIIe siècle, la pomme de terre continue d’être considérée comme une simple curiosité, ignorée par le gourmand Louis XIV qui, lui, raffolait des petits pois.
Pharmacien dans l’armée française pendant la guerre de Sept Ans (1756-1763), Antoine Parmentier a été capturé par les Prussiens. Lors de sa détention, il découvrit la pomme de terre et ses bienfaits. Rentré en France, il devient l’avocat de ce légume, alors méconnu. Il remporte un premier succès en 1772 quand l’Académie de Besançon récompense ses travaux sur la pomme de terre pour lutter contre les famines et autres disettes encore fréquentes à cette époque. Désormais, elle devient un aliment populaire, salutaire pour lutter contre la faim. En 1803, la France en produit 1,5 million de tonnes par an, plus de 10 millions au milieu du XIXe siècle (par comparaison, 8 millions de tonnes ont été récoltées en 2021).